Les services en nuage ont connu une croissance incroyable au cours des dernières années. La fourniture de IaaS et PaaS a révolutionné le nombre d'entreprises qui travaillent. Mais le processus est venu avec des défis, et tout ne s'est pas déroulé sans heurts. Stephan Fabel, directeur des produits chez Canonical (l'éditeur d'Ubuntu), explique cinq tendances qu'il s'attend à voir dominer l'informatique en nuage en 2020.
Sommaire
1. Concentration croissante sur les opérations multi-cloud
Les environnements multi-cloud sont un sujet brûlant depuis un an. Les entreprises ont déjà pris conscience des avantages d'une approche indépendante des fournisseurs, qui non seulement minimise les coûts, mais leur donne également la liberté d'innover. Toutefois, certains aspects des opérations seront essentiels pour garantir la viabilité du multi-cloud pour les entreprises à long terme.
Une autre pièce du puzzle sera l'observabilité et la surveillance à travers les nuages. Pour garantir que les opérations sont maintenues sur l’ensemble de l’écosystème et qu’elles s’acquittent de la charge de travail, les composants relatifs à l’observabilité doivent être en place. Cela devient complexe dans une infrastructure multi-cloud, où le même niveau de visibilité et de gouvernance doit être appliqué à toutes les instances. 2020 sera l'année où les fournisseurs de cloud public commenceront à mettre en place ces projets, et nous en voyons déjà les premiers exemples avec Google Anthos.
2. Les start-ups Unicorn commenceront à rapatrier les charges de travail depuis le cloud
On a beaucoup parlé du rapatriement en nuage ces derniers temps. Bien que ce ne soit pas un exode massif du cloud, bien au contraire, avec l’augmentation attendue de la croissance du cloud public, les entreprises en nuage natif utiliseront un environnement hybride pour réaliser de plus grandes économies.
Pour les entreprises qui démarrent ou travaillent avec des budgets limités, qui nécessitent un environnement permettant de jouer avec les dernières technologies, le cloud public est le point de départ idéal. Avec le cloud public, vous êtes votre propre limite et obtenez une récompense immédiate pour l'innovation. Mais à mesure que ces coûts commencent à augmenter, il est prudent d’examiner la manière de reprendre le contrôle de l’économie du cloud.
Le rapatriement des charges de travail sur site est certainement une option viable, mais cela ne signifie pas pour autant que nous allons commencer à voir le déclin du cloud. Au fur et à mesure que les organisations franchissent chaque nouvelle étape du processus de développement, le rapatriement devient de plus en plus difficile. Nous verrons probablement des fournisseurs de cloud public toucher le centre de données pour répondre à cette demande hybride, afin de pouvoir capitaliser sur la tendance.
3. Les fournisseurs de cloud public seront soumis à des normes de sécurité renforcées
La décision du Département de la Défense des États-Unis d’attribuer à Microsoft le contrat de dix ans pour son projet JEDI s’annonce comme un tournant décisif, car elle incite davantage d’agences gouvernementales à transférer des applications et à unifier les informations dans le cloud public. L'attrait d'importantes dépenses fédérales incitera d'autres fournisseurs de services cloud à concurrencer dans cet espace de plusieurs milliards de dollars.
L'un des impacts les plus importants sera la nécessité de renforcer les normes de sécurité et de conformité des terminaux dans le cloud public. Les organismes gouvernementaux répondent à des exigences extrêmement élevées, qui vont désormais s’appliquer aux fournisseurs de cloud et avoir des retombées sur le secteur dans son ensemble. Cela inclura des normes plus strictes concernant l'architecture des environnements hybrides et la nécessité d'une séparation complète des données entre les environnements de cloud public et sur site. Cela encouragera également l'abandon du modèle d'impartition dans la mesure où les organisations chercheront à renforcer leurs compétences internes dans le cloud pour répondre aux exigences.
Si cela affectera principalement le marché du cloud américain, cela aura également des répercussions sur les autres marchés. Les fournisseurs hyperscale sont de nature mondiale et devront donc adapter leurs politiques et leurs pratiques à des juridictions telles que Post-Brexit United Kingdom, où de nouvelles normes seront établies concernant la protection et la séparation des données des entités non britanniques.
4. Un plus grand niveau d'automatisation du réseau via l'IA / l'apprentissage automatique
L’état de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique (IA / ML) dans les affaires est passé d’une vision nébuleuse à des déploiements concrets. Les entreprises se concentrent désormais beaucoup plus sur AI / ML et réorganisent leur gestion des services informatiques et leurs opérations commerciales pour répondre à cette tendance. Nous observons cela directement à travers Kubeflow, où nous voyons chaque jour un grand nombre de startups et d’entreprises établies se réunir pour explorer ce qu’elles peuvent faire avec AI / ML et comment elles peuvent faciliter les déploiements.
Un domaine spécifique déjà amélioré par l’IA est la mise en réseau. Nous travaillons avec plusieurs sociétés informatiques et de télécommunication dans ce domaine qui souhaitent construire de meilleurs réseaux et mieux comprendre comment ces réseaux sont utilisés, de l'optimisation de la consommation d'énergie à l'automatisation des tâches de maintenance. En 2020, nous verrons que l'attention portée à l'IA / ML dans l'espace de réseautage sera plus grande que jamais à mesure que de plus en plus d'études de cas émergent.
5. Kubernetes ne sera plus considéré comme la solution miracle
Kubernetes est devenu une partie intégrante de l'infrastructure cloud moderne et sert de passerelle pour créer et expérimenter de nouvelles technologies. Il n’est donc pas surprenant que de nombreuses entreprises observées doublent l’application et réorientent leur équipe DevOps autour de celle-ci pour explorer de nouvelles choses, telles que l’activation d’applications sans serveur et l’automatisation de l’orchestration des données. Nous pensons que cette tendance se maintiendra à l’horizon 2020.
Sur une note plus prudente, certaines sociétés pourraient également se demander si Kubernetes est vraiment le bon outil pour leurs objectifs. Bien que la technologie puisse offrir une valeur considérable, elle peut parfois être complexe à gérer et nécessite des compétences spécialisées. Kubernetes étant désormais couramment utilisé pour la production à grande échelle, il est de plus en plus probable que les utilisateurs rencontrent des problèmes de sécurité et de temps d'arrêt.
En raison de ces défis, nous pouvons nous attendre à ce que la communauté mûrisse et, dans certains cas, se rende compte qu'il peut ne pas convenir à toutes les applications ou augmenter la nécessité de faire appel à des fournisseurs externalisés pour les aider avec une expertise spécialisée.
Stephan Fabel est directeur des produits chez Canonical, éditeur de Ubuntu.