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La collaboration entre la start-up française SHZ Advanced Technologies et l’entreprise californienne JetZero marque un tournant décisif dans la course à l’aviation durable. Alors qu’Airbus a récemment ralenti ses ambitions concernant l’hydrogène, SHZ et JetZero misent sur l’innovation pour accélérer la décarbonation du transport aérien mondial. Leur projet commun, soutenu par la NASA, pourrait bien redéfinir les standards de l’aviation commerciale.
Une architecture novatrice : l’aile volante
Le concept d’aile volante, qui a captivé l’industrie aéronautique depuis des décennies, se révèle être une solution prometteuse pour l’intégration de l’hydrogène. Contrairement aux fuselages cylindriques traditionnels, cette architecture permet une utilisation optimale de l’espace intérieur. Chaque mètre carré du fuselage contribue à la sustentation, offrant ainsi la possibilité d’intégrer des réservoirs d’hydrogène volumineux sans compromettre l’espace passager.
Les réservoirs d’hydrogène liquide brevetés par SHZ, aux formes non-conventionnelles, pourraient s’adapter parfaitement aux contours organiques du Z4 de JetZero. Cependant, le défi technique reste immense : stocker un carburant à -253°C, qui occupe quatre fois plus de volume que le kérosène classique, nécessite des solutions de stockage innovantes.
Un partenariat stratégique pour un avenir durable
JetZero, en partenariat avec SHZ, adopte une approche progressive. Le Z4, d’abord conçu pour fonctionner au kérosène, promet déjà une économie de carburant de 50% grâce à son design à ailes intégrales. Un prototype grandeur nature est prévu pour 2027. Parallèlement, le partenariat explore la faisabilité d’une variante hydrogène, dans le cadre du programme AACES de la NASA, visant à adapter l’hydrogène liquide cryogénique à l’aviation commerciale.
Les brevets français au cœur de l’innovation
Eric Schulz, cofondateur de SHZ et ancien de chez Airbus et Rolls-Royce, incarne l’expertise française du projet. Avec quatorze brevets stratégiques, dont un système de compression-pompage d’hydrogène liquide, SHZ se positionne comme un acteur clé de l’aviation hydrogène. Si la recherche avec JetZero aboutit, ces technologies pourraient propulser la France au premier plan de l’aviation durable.
Défis et perspectives de l’aviation hydrogène
Bien que le concept d’aile volante ait prouvé sa pertinence dans le passé, notamment avec le bombardier furtif B-2 et le démonstrateur X-48, son application au transport civil reste un défi. Boeing et Airbus expriment des réserves quant à l’équation économique de la propulsion hydrogène. Boeing, par exemple, se montre prudent quant à la viabilité économique de cette technologie, tandis qu’Airbus concentre ses efforts sur l’intégration de piles à combustible dans des architectures tubulaires éprouvées.
Le tandem SHZ-JetZero, soutenu par la compagnie United Airlines, envisage de faire voler le Z4 au kérosène à Greensboro début 2030. L’objectif ultime est d’explorer, avec la NASA, la viabilité d’une variante hydrogène pour atteindre le véritable zéro émission d’ici 2050.
En somme, la collaboration entre SHZ et JetZero pourrait bien raviver la compétition pour l’avion hydrogène, offrant une alternative prometteuse à l’aviation traditionnelle. Si les défis techniques sont nombreux, les avancées réalisées par ces deux entreprises laissent entrevoir un avenir où l’aviation pourrait enfin s’affranchir des énergies fossiles.