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La loi singapourienne sur les "fausses informations" entre en vigueur, les critiques sonnant l'alarme

Les autorités de Singapour, étroitement contrôlées – longtemps critiquées pour avoir restreint les libertés civiles – insistent sur le fait que de nouvelles mesures sont nécessaires pour mettre fin aux mensonges

La nouvelle loi singapourienne visant à lutter contre les "fausses informations" est entrée en vigueur mercredi malgré les critiques des géants de la technologie et de leurs activistes, qui ont qualifié les règles strictes de "tentative effrayante" d'étouffement de la dissidence.

La loi donne aux ministres du gouvernement le pouvoir d'ordonner aux sites de médias sociaux de placer des avertissements à côté des publications que les autorités jugent fausses et, dans les cas extrêmes, de les supprimer.

Facebook, Twitter et Google, dont le siège social est situé à Singapour, se sont vus accorder des dérogations temporaires à une poignée de dispositions de la loi leur laissant le temps de s'adapter.

Si une action est jugée malveillante et préjudiciable aux intérêts de Singapour, les entreprises pourraient se voir imposer des amendes pouvant aller jusqu'à 1 million de dollars suédois (720 000 dollars), tandis que des personnes pourraient être passibles d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 10 ans.

Les autorités de ce pays étroitement contrôlé – longtemps critiqué pour avoir restreint les libertés civiles – insistent sur le fait que des mesures sont nécessaires pour mettre un terme à la circulation de faussetés qui pourraient semer des divisions dans la société et éroder la confiance en des institutions.

Mais les lois ont suscité l'indignation des groupes de défense des droits, qui craignent d'empêcher les discussions en ligne, des entreprises de haute technologie et des organisations de médias.

Les activistes craignent que la législation ne soit également utilisée pour réprimer la dissidence dans la perspective des élections générales à Singapour, attendues dans quelques mois, et il est à craindre qu'elle ne porte atteinte aux libertés académiques.

La journaliste et militante Kirsten Han, rédactrice en chef du média indépendant New Naratif, a déclaré que la législation était "extrêmement préoccupante".

"C'est une loi tellement large qu'il est difficile de prédire comment elle va être appliquée. Ce qui est immédiatement préoccupant, c'est l'effet paralysant et la poursuite de l'autocensure", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Après l’adoption de la loi en mai, Google a déclaré craindre que la loi "nuise à l’innovation et à la croissance de l’écosystème de l’information numérique".

Mauvais bilan de la liberté de la presse

Les détracteurs sont particulièrement préoccupés par le fait qu'il incombera aux seules autorités de juger de ce qui est "une fausse nouvelle", mais le gouvernement insiste sur le fait que toute décision peut être contestée devant les tribunaux.

Il ne vous en coûtera que 200 SG pour faire appel et il n'y aura aucun frais de justice pour les trois premiers jours d'audience, une réponse apparente à des plaintes que la plupart des gens n'ont pas les moyens de prendre en charge le gouvernement.

S. Iswaran, ministre de la Communication et de l'Information, a affirmé que la loi "n'était pas tant une question de contrôle de la liberté d'expression".

"Nous partageons l'objectif commun de permettre aux gens de s'engager sur les plateformes de médias sociaux (…) afin de lancer ce concours d'idées", a-t-il déclaré dans une interview accordée à CNBC.

La loi pourrait préoccuper les médias internationaux, dont beaucoup exercent des activités importantes dans la cité.

Les médias nationaux de Singapour sont en majorité favorables au gouvernement et le pays se situe au 151ème rang sur 180 selon l'indice de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.

Un pays classé au premier rang est réputé jouir de la plus grande liberté de la presse.

La plaque tournante financière de 5,7 millions de personnes compte parmi plusieurs pays ayant adopté des lois contre les fausses informations, et il existe de réelles inquiétudes quant à la désinformation qui a été utilisée pour manipuler les élections et cibler les groupes minoritaires.

Mais les observateurs ont déclaré que les régimes autoritaires du monde entier, encouragés par les attaques du président américain Donald Trump contre les "fausses informations" – exagéraient la menace de répression contre les médias critiques.


Singapour adopte une loi sur les "fausses informations" malgré de vives critiques


© 2019 AFP

Citation:
                                                 La loi singapourienne sur les "fausses informations" entre en vigueur, les critiques sonnant l'alarme (2 octobre 2019)
                                                 récupéré le 2 octobre 2019
                                                 sur https://techxplore.com/news/2019-10-singapore-fake-news-law-effect.html

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