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La Turquie resserre son emprise sur les médias sociaux avec une nouvelle loi

Les groupes de défense des droits de l'homme et l'opposition s'inquiètent de ce qu'ils appellent l'érosion de la liberté d'expression en Turquie, des milliers de personnes faisant l'objet de poursuites pénales pour avoir "insulté" le président Recep Tayyip Erdogan sur les réseaux sociaux

Le parlement turc a adopté mercredi un projet de loi controversé donnant au gouvernement un plus grand contrôle sur les médias sociaux et critiqué par les défenseurs des droits de l'homme comme une tentative d'augmenter la censure en ligne.

En vertu de la nouvelle loi, les géants des médias sociaux tels que Facebook et Twitter doivent s'assurer qu'ils ont des représentants locaux en Turquie et se conformer aux ordonnances des tribunaux concernant la suppression de certains contenus ou s'exposer à de lourdes amendes.

La législation cible les réseaux sociaux avec plus d'un million de visites uniques chaque jour et stipule que les serveurs contenant les données des utilisateurs turcs doivent être stockés localement.

Si les entreprises refusent de se conformer, elles s'exposeront à des amendes et à une restriction de la bande passante rendant la plate-forme inutilisable.

Le projet de loi a été soumis par l'AKP au pouvoir et son partenaire nationaliste, le MHP, qui dispose d'une majorité au parlement, et adopté après des débats qui ont débuté mardi et se sont poursuivis mercredi.

Après le débat d'une nuit, le Parlement a entamé les vacances d'été jusqu'en octobre.

'L'ère sombre'

Les groupes de défense des droits humains et l'opposition s'inquiètent de ce qu'ils appellent l'érosion de la liberté d'expression en Turquie, des milliers de personnes faisant l'objet de poursuites pénales pour avoir "insulté" le président Recep Tayyip Erdogan sur les réseaux sociaux.

Ils affirment qu'un contrôle accru des médias sociaux limitera également l'accès de la Turquie à des informations indépendantes ou critiques dans un pays où les médias d'information sont entre les mains d'hommes d'affaires favorables au gouvernement ou contrôlés par l'État.

"Pourquoi maintenant?" a demandé Yaman Akdeniz, professeur à l'Université Bilgi d'Istanbul et également expert en cyberdroits.

"Alors que les plateformes de presse écrite et audiovisuelle sont déjà sous le contrôle du gouvernement, les réseaux sociaux sont relativement libres. Les réseaux sociaux sont devenus l'un des rares espaces d'expression libre et efficace en Turquie", a-t-il déclaré à l'AFP.

Human Rights Watch s'est dit préoccupé par le fait que la loi permettrait au gouvernement de contrôler les médias sociaux, de supprimer le contenu à volonté et de cibler arbitrairement des utilisateurs individuels.

«Les médias sociaux sont une bouée de sauvetage pour de nombreuses personnes qui les utilisent pour accéder aux informations, donc cette loi marque une nouvelle ère sombre de censure en ligne», a déclaré Tom Porteous, directeur adjoint du programme à Human Rights Watch dans un communiqué avant l'adoption de la loi.

La législation a suscité de vives inquiétudes chez de nombreux internautes en Turquie qui se sont mobilisés en ligne ces dernières semaines en utilisant le hashtag «ne touchez pas à mes médias sociaux».

'Aucun obstacle'

Ibrahim Kalin, le porte-parole d'Erdogan, a balayé les craintes que la loi entrave la liberté d'expression.

"Il n'y a aucun obstacle pour que les utilisateurs des médias sociaux expriment librement leur opinion", a-t-il déclaré mardi à la télévision CNN-Turk.

"Voici la règle: tout ce qui est un crime dans le monde réel est aussi un crime dans le cyber-monde … il doit y avoir une limite à la critique."

Erdogan a promis de resserrer le contrôle du gouvernement sur les médias sociaux plus tôt ce mois-ci après avoir déclaré que des utilisateurs «au cœur sombre» avaient insulté le ministre des Finances Berat Albayrak et son épouse Esra, la fille du président, après la naissance de leur quatrième enfant.

Et le mois dernier, le dirigeant turc a rencontré une série de commentaires négatifs lors d'une vidéoconférence avec des jeunes.

La présidence turque a alors désactivé les commentaires, mais il y a eu 388 000 clics sur le bouton «Je baisse les pouces», contre 114 000 sur le bouton «Je souris».

Erdogan n'est pas fan des médias sociaux malgré un large public sur différentes plateformes, y compris Twitter.

Il a une fois comparé les plateformes médiatiques à un «couteau du meurtrier» et a précédemment promis «d'éradiquer» Twitter.

Son gouvernement avait précédemment bloqué Twitter et YouTube en 2014 après la publication d'enregistrements audio impliquant le président, alors Premier ministre, et son entourage dans un prétendu scandale de corruption.

L'aversion d'Erdogan pour les médias sociaux remonte également aux manifestations antigouvernementales de 2013, souvent mobilisées par des publications sur Twitter et Facebook.

Un tribunal turc a levé en janvier l'interdiction de l'encyclopédie en ligne Wikipédia après près de trois ans.

Selon le dernier "rapport de transparence" de Twitter pour le premier semestre 2019, la Turquie s'est classée numéro un pour la suppression de contenu avec plus de 6000 demandes.


Twitter rapporte des «  problèmes d'accès '' en Turquie après une attaque


© 2020 AFP

Citation:
La Turquie resserre son emprise sur les médias sociaux avec une nouvelle loi (2020, 29 juillet)
récupéré le 29 juillet 2020
depuis https://techxplore.com/news/2020-07-turkey-tightens-social-media-law.html

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